Un arbrisseau décharné


Un arbrisseau décharné racontait au crépuscule
Ce qu’avaient fait des années d’humanité sans scrupule
Pour que tes feuilles en ce temps tombent pour l’éternité
Fallait-il tant d’innocents ensevelis sous tes pieds



Du vert naissant de printemps au rouge elles sont condamnées
Témoin silencieux des ans, ton écorce est fatiguée
Mais ta sève encore vivante ne cessera d’hurler en vain
Pour que se meurent en automne les yeux fous des assassins



Puis de tes bras atrophiés tu hurles au nouvel été
Pendant des mois, là, gelé, essayant de rappeler
Ce que sans toi ni le froid nous aurions tous oublié



Et aux premiers chants d’oiseaux, prêt à tout recommencer
Des bourgeons viendront fleurir ta carcasse morcelée
Jusqu’à la lie d’un matin qui te verra tronçonné