Bleu comme une orange


Bleue comme la sève
Celle qui s’écoule sur les bords de l’orange ouverte,
Décalottée laissant à vif la matière qui palpite



Le bleu des nerfs, celui de la pensée,
Celle de l’horreur,
Bleutée du reflet de ce qui palpite



L’orange est ouverte
Maintenant encore le cerveau nervuré,
Bleu comme un ciel de nuit
Vibrant de sa folie



Le ciel a vu passer les moineaux affamés
Ils ont mangé les miettes
Mais ils ont laissé
Ont remplacé à mesure
la trace du chemin torturé



Par la fiente indigeste
Des miettes trop lourdes
Un tracé blanc mêlé de noir,
Un tracé de retour pour le bleu
Qui palpite
Commence à suinter
Des bords de la plaie



L’orange étouffe du débord de matière
Souffre et perlent les larmes
Bleues par les pores
De l’orange hantée



Un moineau
Un autre,
Plus gros
Convoite affamé les petits



Ceux qui ont tout mangé



Détruire
La faim
Avaler
L’autre a mangé



Les traces ont séché,
Blanches et noires



Il se fait tard
La nuit bleutée vient prendre
L’oiseau affamé
A gonflé
Trop tard
S’échapper
Mais le bleu vient
Entoure l’oiseau
Enferme celui qui hurle



Car maintenant ils sont
Dedans vivants encore
De la douleur d’avoir
Mangé les miettes trop lourdes



Alors la clé vient
Tourner
Au sein du bleu cervelet
Trouer
Les nerfs
Déchirer
La terre



Le magma bleu défait
Pulse encore quand la douleur vient
Au dessus de l’oiseau ingéré
Mais intact



Gonflé encore de la substance
Vibrante de ceux qui ne finissent pas d’expurger
En silence
Le fruit émietté
Blanc et noir
D’acide mêlé



Qui brûle le corps
Mais, ne peut perforer
La matière brûlée
Du corps calciné
De l’oiseau
Figé
Dans le bleu



Saignent les pores de l’orange
Gonfle le magma de substance
Déborde les rives givrées
Fait glisser
les mains qui s’accrochent
Les hommes vont tomber



Ils s’accrochent encore
Aux parois béantes
Du bord de l’orange
Ils ne pourront jamais
y entrer



Les perles bleues se répandent
Alors glissent les mains
Les corps tombent
Dans le vide
en dessous de l’orange



Tombent dans l’éternité



Pleurent les perles bleutées
De douleur
Par l’acide rongé
Du blanc
Et du noir mêlé
Sur les traces
D’un lointain passé



Mais le bleu ne peut ingérer le noir
Ni le blanc
Il est entier



Alors gisent les moineaux
À l’intérieur
Le chemin vide se resserre
Ce n’est plus la peine



Il n’y a plus de route
Le blanc et le noir ont tordu
Sectionné la voie des rêves



Ils reviennent
Encercler l’orange
Reformer le cycle
Rejoindre la source



Mais les moineaux morts crient
DANGER
Le bleu des flammes vives urgence
A brûler les traces



Qui font maintenant le tour
De l’orange
En haut
Sur l’entrée
Ouverte du bleu
Cerné
Prend feu



Brûler encore
Encore
Les traces
Rejeter
Le feu
A brûlé



Ne reste
Que la trace
Des cendres
Blanches et noires
brûlées



Et le vent souffle
Doux
Répand
Les cendres
Ailleurs
Le noir et le blanc dispersés
Meurent au vent



Jusqu’à la nouvelle
La nouvelle clé.

Maman


Il a séché sur le sureau blanc
Le sang
Il a séché quoiqu’en disent les larmes
Entends !



Le long des graphites ont gelé les hivers
Maman
Si l’œil dans sa fuite a laissé les enfers
Latents



Il a séché sur le sureau blanc
Le sang
Il a séché quoiqu’en disent les larmes
Entends !



J’aurais voulu des rives inconnues
Pourtant
L’écho revient pur, les voix, le flux
Mais sens !



Il a séché sur le sureau blanc
Le sang
Il a séché quoiqu’en disent les larmes
Entends !



Les étés secs ont enfin tari les relents
Les vents
Ont emporté le sel resté des vivants
Tourments



Il a séché sur le sureau blanc
Le sang
Il a séché quoiqu’en disent les larmes
Entends !



Ceux qui sont restés me sont si loin
Maintenant
Qu’un petit matin, je rechercherai
Le sang

Liberté, égalité, fraternité


La rue était si fière, ses fous étaient des rois
Quand l’enfant au béret est mort ce matin là
Les grands pouvaient pleurer, nouvelle était la loi
Sur le sang déversé dansait le peuple en joie

Mais la machine a broyé les corps des esthètes
La faim indigne a fait céder face à la dette
Les fous s’alignent, l’ironie désormais s’achète
C’est pour 100 mille qu’ils appuieront sur la gachette

La liberté en statue d’airain s’est figée
L’égalité sort demain en version codée
Fraternité fait la manche au rer b

Les enfants sont perdus dans la ronde infernale
L’espoir gagne au loto, l’amour se sert en salle
Et l’humanité jouit à l’odeur du scandale

Révolution !


Deux cents ans ont passé depuis notre servage
Par la révolution grondant de nobles causes
Des têtes sont tombées, sceaux d’un nouveau message
En rouge liberté versé sur l'échafaud

Démocratiquement, notre constitution
Défends les droits de l'homme dès qu'il possède un nom
Pour qu'aujourd'hui personne au sein de la nation
Ne soit pénalisé de part sa condition

L'égalité pour tous nous garantit à vie
Le choix d'un avenir aux horizons si beaux
Qu’ils cèlent les concepts dont naissent nos envies

Et la magie du siècle où règnent les images
Absous le reste actif de «notre temps dcerveau»
En mal d’autres Panurges aimant les enfants sages

Manque


C'est un besoin, un gouffre, un abîme, un supplice
Ce manque de ta peau, qui me découvre au froid
C’est un vide oppressant qui m’offre à tous les vices
Quand je ne te vois pas quand tu n’es pas à moi

C’est ton goût, ton odeur, la douceur infinie
De tes mains m’effleurant d’un zeste de tendresse
Allaitant leurs sillages de flammes alanguies
Qui distillent en mon sein la liqueur de paresse

Ce sont ces deux étoiles au contour des paupières
Qui invitent ma bouche à courir sur tes yeux
L’esquisse d’un sourire au parfum de mystère
Pressant mes doigts tremblants d’en savourer les creux

C’est cette incandescence dont je ne suis pas maître
Quand chaque mot de toi me ravit un sourire
C’est cet aveu qui tourne en boucle dans ma tête
Me soufflant des « Je t’aime » en guise de soupirs

Polémique/Poétique

 Si l'art philosophique est bien la maïeutique
Comment voudriez-vous qu’alors je vous l’explique
Faut-il que je travaille à rendre synthétique
Des pensées qui n’ont pu se vouloir dogmatiques ?

Si je veux respecter la première technique
Que même son auteur n’a voulu voir écrite
Je ne peux que chercher en moi ce qui indique
Les marques de ce don singulier qui m’habite

Si vous souhaitez de moi que je suive la logique
En respectant du maître cette loi unique
Je ne puis m’encombrer d’aucune rhétorique,

Car en lui seul ce mot est déjà hermétique,
Mais apprendre à aimer cette douleur magique
Qui me fait accoucher d’une âme poétique

Le pardon

 Je l'ai vue transcendante à l'aube de ma vie
Et bien longtemps encore jusqu'avant aujourd'hui
Modèle exceptionnel de toutes les vertus
Et séduisante hors pairs d'une cours étendue

Dont l’ombre ramifiée grillageait le passage
Où l’on attendait. Mais, en vain, dit le message
Nous étions trois enfants dont la mère en otage
De sa triste folie nous livrait l'héritage

Alors je suis partie cuver mon amertume
Cherchant l'explication à travers la rancune
Avant de revenir en offrant un pardon
Que je muris dix ans avant proposition

Mais la perversité réclamait davantage
Et c'est désabusée que je vis mon courage
Quitter mon cœur saignant de larmes inutiles
Face aux faux semblants de maternité stérile

Rêve


J'ai rêvé ta douceur cette nuit sans pudeur
Alors que tes mains même ont oublié mon corps
Je souffrais ce matin de chercher ton odeur
Suppliant le sommeil de te m’offrir encore

J’ai su t’aimer si fort alors les yeux fermés
Que j’ai cru un instant au partage irréel
De nos songes mêlés pour quelques heures volées
A un passé qui garde encore ce goût de miel

C’était il y a longtemps, tu ne t’en souviens plus
Et j’aurais du chasser de toi ces souvenirs
Mais au fond de moi j’en ai gardé l’absolu

Afin de pouvoir dire aujourd’hui cet amour
Donné trop tard pourtant malgré tout le plaisir
Que je prends maintenant à t’avouer à mon tour