Sable


De tessons en couteaux, les pensées immortelles
Se perdent dans les grains d’une plage anonyme
Coulant entre mes doigts, doux baisers éphémères
Et tombeau de ces rêves que les vagues se destinent

Quand une langue amère vient lécher la jetée
Pour cueillir un à un tous ces vieux souvenirs
Cristaux de tant d’hier dans ton immensité
Que rejette un sol vierge alors de tout soupir

Où là passent des hommes qui un soir fatigués
Oublient de leur personne pour un songe égaré
Au creux du sable fin, d’un bâton créent des toiles

En écoutant la mer, dessinent un peu de vie
Ainsi sans le vouloir répètent à l’infini
Les cycles du désir nu sous la lune pâle

Un arbrisseau décharné


Un arbrisseau décharné racontait au crépuscule
Ce qu’avaient fait des années d’humanité sans scrupule
Pour que tes feuilles en ce temps tombent pour l’éternité
Fallait-il tant d’innocents ensevelis sous tes pieds



Du vert naissant de printemps au rouge elles sont condamnées
Témoin silencieux des ans, ton écorce est fatiguée
Mais ta sève encore vivante ne cessera d’hurler en vain
Pour que se meurent en automne les yeux fous des assassins



Puis de tes bras atrophiés tu hurles au nouvel été
Pendant des mois, là, gelé, essayant de rappeler
Ce que sans toi ni le froid nous aurions tous oublié



Et aux premiers chants d’oiseaux, prêt à tout recommencer
Des bourgeons viendront fleurir ta carcasse morcelée
Jusqu’à la lie d’un matin qui te verra tronçonné

Parfum de vie


Aérienne et divine au centre des soupirs
Juste arrondie d’un ange elle glissait d’un sourire
Protégeant sa douceur d’un mouvement soyeux
Réveillant l’instinct qui clos à demi les yeux

Elle s’approche déjà et répond d’un doux rire
Aux pas que je n’ai fais pour ne pas voir s’enfuir
La beauté d’un regard à l’amour infini
Comme un instant volé à l’aube d’une vie

Mais déjà elle m’échappe et mon cœur s’évapore
Mon corps, lui s’est figé et la regarde encore
Jusqu’à c’que son image ne soit qu’un souvenir

Alors la rue s’anime et me conduit ailleurs
Emportant dans ma tête un peu de son bonheur
Promesse de douceur au parfum d’avenir

Nos forces


Attends…



Attends un peu,
Que l’orage arrive
Il n’est de chaleur
Sans qu’âme déclive



Laisse-la te porter,
T’emmener au vent
Lorsque les marais,
Enlisent autrement



Il faudrait que s’ouvre
À ce point le vide
Que jamais les autres
En nous s’insipident



Mais la voie des cieux
Sans ailes est féroce
Joue, mon âme, joue,
Tant que durent nos forces