Je fuis

Je fuis
Mon souffle est dans le vent
Je l'entends

Je cours
Mes pas trouent le néant
Je le sens

J'ai peur
Je ne sais pas pourquoi
J'ai si froid

Je hurle
Mais tout est silencieux :
brûle, le feu

Je meurs
Et tout ce qui vit là
Ignore ça

Pour quoi
Servir l'humanité
En ce cas ?

Quelle ombre
Masque nos dignités
Oubliées ?

Qui pense
Aux autres sans aimer
Leurs errances ?

Comment
Peuvent affronter la nuit
Les enfants ?

Si tout
Nous maintient à genoux
Sans espoir

Je fuis
Pour rattraper ma vie
Au hasard

Le combat

Tu n'as pas d'ancêtre
Tu n'as que tes poings
Mon ange
Pousse avec tes mains
Les murs qui t'encerclent
Délivre ta voix
Le silence est roi
Partout

Entends-tu mon cri
Je hurles pour toi
Mon âme
Pleure, sur tes non dits
Ces buts impossibles
Que tu as forgé
L'oubli est la cible
Pourquoi ?

Viens, viens à la vie
Je tiendrai ta main
Ton cœur
Si tu n'as qu'un bras
Même transi de froid
Alors prends le mien
Pour rien

Tu ne peux te voir
Ton être dérange
Les autres
Mais personne ici
Ne saura ta chance
D'être encore en vie
De faire face au noir
Qui ronge

Crois, aie foi en toi
Jusqu'à ce que les mères
Avides
S'étiolent en trépas
Jusqu'à ce que les pères
Du rivage aride
Te cèdent leur voix
Pour gagner l'ultime
Combat

Les soupirs d'antan
La folie du vide
Dément
Quitteront ton corps
Soufflés par les vents
De ta bouche avide
D'enfin posséder
Le temps

Désire ta route
Effraie tous les doutes
Présents
Maintiens ton courage
Sors le de sa cage
Sois ton propre roi
Celui qui va naître
Au monde

Il s'agissait d'un nom

Il s'agissait d'un nom,
un murmure, une encoche,
ainsi qu'une question,
le mot perçait ma roche.

De même que l'horizon,
il offrait à rêver...
Et mon cœur de béton
commence à s'effriter.

Si l'espoir se cultive
à force de courage,
ses semences intuitives
semblent autant de mirages.

Alors que reste-t-il
comme possible chemin
sur les voies infertiles
qui trompent nos instincts ?

Le seul nom dont l'essence
soit aussi pur que doux,
donne aux vies la puissance :
guidant le "Je" vers "nous",

est un bien si précieux
à donner sans réserve
et autant qu'on le peut :
Il est l'Amour, la sève,

celle qui emplit de force,
fait des hommes, des rois,
tue les maux sous l'écorce,
vainc la peur d'être soi.

J'arrêterai le temps

J'arrêterai le temps,
le vent, chaque élément.
Serai ma propre muse,
absurde, tant que s'abusent

les reflets du monde, noirs,
qui détruisent les vies,
et gorgent de charpies
la jeunesse, l'espoir.

Je le jure aujourd'hui,
tant que dure ma vie
je ne faiblirai plus
je me mettrai à nu,

pour que vive l'envie,
détruisant la souffrance,
déclarant les non-dits,
et usant de la chance.

Que serve l'expérience,
à quoi bon mes errances,
et quel secret garder
si l'humain peut aimer ?