Les fleurs sont là quelque part

J'ai de la terre plein les mains
Une terre en friche
Je crois y semer des grains
Mais elle me déchiffre

Ça fait bientôt quarante ans
Que je la désherbe
Mes mains rougissant de sang
Chaque mauvaise herbe

Les fleurs sont là quelque part
Qui m'appellent au parloir

Qu'y avait-il sous le puits
Mon tout petit ange
Pour que tes larmes soient taries
Au son de l'enfance

Les ongles noirs que je ronge
Ont un goût d'à mère
Tel un fumier que j'éponge
Jusqu'à la misère

Les fleurs sont là quelque part
Qui m'appellent au parloir

J'ai lavé toute la boue
Mais pas la matière
Chaque jour je suis debout
Et pourtant je me perds

L'odeur assiège mes sens
Je suis toujours en guerre
Je veux tuer ton essence
Je passe la frontière

Les fleurs sont là quelque part
Qui m'appellent au parloir

J'ai pris le premier chemin
J'oublie tous les doutes
Peut-être demain matin
Verra ma déroute

Mais si je ne le fais pas
Jamais je ne saurais
Si du sang boueux naîtra
La trace de mes pas

Les fleurs sont là quelque part
Qui m'appellent au parloir