Paris 2


Ville d’amour et de fuite
Grisée de solitude
A l’aube d’un jour lisse
Paris meurt d’habitudes

L’étalage de fraises
En deuil de leur saveur
S’offrent aux gaz délétères
Pour se fondre à l’odeur

Les roues de la poussette
Evitent celles du caddie
Où pourtant la brunette
Sourit au sans logis

L’appel des poulets frits
S’affronte aux noirs insignes
Des nombreux et frais fruits
De la gente canine

Une trois jambe colorée
Franchit sans regarder
Les mines affligées
Des voyeurs offusqués

Quand sur les bas côtés
Des gisants ont cédé
Au vin qui s’est mêlé
A leur indignité

Qui s’enfuit vers le froid
Des cadavres d’oiseaux
Ecrasés par la loi
Prévue pour des robots

Les barreaux du jardin
Découpent les arbres en bleu
Comme d’impuissants témoins
Décors créés d’un jeu

Pour les chiens, les coureurs
Qui viennent au printemps
Suinter leur épaisseur
Plaquée sous des collants

La carotte cassée
D’un tabac gris s’effondre
Sur une estampe rongée
A la CB sans ombre

La sirène poursuit
Des crissements de pneus
Que quelques têtes avides
Suivent d’un air curieux

Le boucher tranche un cœur
Sur son étal, le sang
Se mélange à la sueur
Pour la joie des clients

Mais j’absence où s’aiguisent
Paris ne sais-tu pas 
Que tes couteaux luisent
A l’ombre de mes pas

Quand les spectres dociles
Glissent au refrain maudit
Puis se figent et vacillent
Valsant tes tragédies

Les deux pieds perforés
Dans le silence hurlé
De ces vers mutilés
J’impuissance à t’aider